« Mon ex était un pervers narcissique ». C’est devenu la phrase magique, la carte Joker, le hashtag victimaire préféré des femmes en colère après une séparation. Peu importe la raison réelle du divorce, peu importe leurs propres erreurs : si ça se termine mal, c’est forcément parce que Monsieur était un « PN ».
Le problème ? Ce terme est tellement galvaudé qu’il ne veut plus rien dire. Et surtout, il sert trop souvent d’alibi pour éviter l’introspection et justifier ses choix ratés.
Oui, le pervers narcissique existe vraiment
Soyons clairs : le pervers narcissique n’est pas une invention. En psychiatrie, on parle de trouble de la personnalité narcissique pathologique, parfois associé à des traits pervers. Ces individus existent : manipulateurs, froids, sans empathie, destructeurs. Ils prennent plaisir à isoler et à contrôler, parfois jusqu’à mettre leur partenaire en danger. Les cas avérés sont de véritables drames.
Mais il faut aussi dire la vérité : ces cas sont rares. Les études cliniques estiment environ 1 % de la population pour les troubles narcissiques sévères, et seule une minorité combine ça avec une dimension perverse. Autrement dit : oui, le vrai PN existe, mais non, il n’est pas derrière chaque rupture amoureuse.
Quand tout devient « pervers narcissique »N »
Dans le langage courant, et surtout dans la bouche des femmes en colère, PN est devenu un mot-valise qui englobe … tout et son contraire :
- Il gagne plus qu’elle ? PN.
- Il parle fort ? PN.
- Il réclame ses droits parentaux au tribunal ? PN.
- Il a une nouvelle compagne ? PN.
- Il est resté célibataire ? PN.
- Il veut revenir ? PN.
- Il ne veut pas revenir ? PN.
Bref : peu importe ce qu’il fait, si ça ne plaît plus à Madame, il est PN. C’est devenu l’argument fourre-tout, pratique et sans appel. Une nouvelle arme dans l’arsenal du divorce conflictuel.
Le rôle des réseaux sociaux : victimisation rentable
Sur TikTok et Instagram, c’est un festival. Des vidéos de femmes en larmes, expliquant qu’elles ont « survécu à un PN », génèrent des millions de vues. Le récit attire de l’empathie, des likes, de la validation sociale.
Mais derrière ce succès, la réalité est cynique : on confond souffrance personnelle et diagnostic psychiatrique. On colle une étiquette à l’autre pour ne pas avoir à se regarder dans un miroir. « Je n’ai pas fait de mauvais choix, je suis une victime. »
Le problème, c’est qu’à force de crier au loup, on invisibilise les véritables victimes de manipulation et de violence psychologique. Quand tout le monde est PN, plus personne ne l’est.
Instrumentaliser les enfants
Le plus grave ? Beaucoup de mères utilisent l’accusation de PN comme prétexte pour priver les pères de leurs enfants. Sur des forums et groupes Facebook, on lit des conseils hallucinants : « Mon ex est PN. » → « Pars avec les enfants, ça lui fera les pieds. »
Aucune décision judiciaire, aucun danger réel prouvé, juste une accusation auto-proclamée qui devient une arme pour couper le lien paternel. Résultat : des enfants instrumentalisés et aliénés, sous les applaudissements de communautés entières.
La vérité qui dérange
Oui, le pervers narcissique existe. Mais il est rare, très rare. Dans 90 % des cas, il ne s’agit pas d’un monstre manipulateur : c’est juste un couple qui a échoué, deux personnes qui n’ont pas su évoluer ensemble, une femme qui n’assume pas ses choix.
Et c’est là que la mode du PN devient dangereuse : elle empêche toute remise en question. Car si tout est la faute du « grand méchant loup », alors Madame n’a jamais à admettre qu’elle a mal choisi, qu’elle n’a pas travaillé sur elle, qu’elle s’est laissée aller.
Un alibi pratique, mais pas crédible
« Pervers narcissique » est devenu le mot chic pour dire mauvais choix. C’est un alibi pour éviter de grandir, une excuse pour se victimiser, un outil pour salir des hommes qui, dans 99 % des cas, n’ont rien de psychiatrique.
Le vrai pervers narcissique existe, mais il est rare. Ce qui est fréquent, en revanche, ce sont les regrets mal assumés et les illusions brisées. Et ça, ça n’a rien de psychiatrique : c’est juste la vie.





